domenica 30 gennaio 2011

Guérison: le handicap assumé

Pubblico qui di seguito una parte dell'intervento di Patrick Malle tratto dagli Entretiens che si sono svolti alla Gendronnière : Méditation et quete de sens. Inutile dire che mi riguarda e ci riguarda.

Le sens de la vie

Trouver un sens à son existence… tout le monde cherche. Plus on s’agite, plus la vision se brouille… Et pourtant, il est vital de trouver cette bouffée d'oxygène qui nous évite de tomber dans la torpeur et la stagnation : la souffrance en découle vite. Les antidépresseurs ne sont pas un traitement spécifique du sens de la vie ; alors, comment faire ? Cette petite histoire peut nous laisser l’imaginer :

Un disciple fait la remarque que le feu est éteint. L'expérimenté s'approche, écarte délicatement la cendre, la braise refait surface et la bûche s'enflamme à nouveau.

On peut considérer que la cendre, c'est peut-être l'abondance des bonnes idées qu'on a eues, qu'on a trouvées dans notre existence et qui finalement encombrent au point qu'il n'y ait plus de communication du tout avec le monde. Maturité et dénuement dit Dogen dans un de ses poèmes du Eiheikoroku. Si nous abandonnons tous ces moyens accumulés, la « lumière silencieuse » de Wanshi apparaît ou peut-être la joie que décrit Spinoza. La simple joie d'être. Projet difficile : comment oser ? Comment disposer du souffle suffisant pour plonger même sans espérer recueillir le fruit de cet abandon ?

Le navire coule, tout le monde lutte pour garder la tête hors de l'eau. Dans l'aspiration on s'épuise et c'est la fin. Celui qui n'a pas lutté, a gardé la sérénité dans cette circonstance, remonte à la surface sain et sauf… Ou peut-être aurait-il pu mourir…

Le handicap, si petit soit-il, réduit les moyens de se tenir à la surface de la société. C'est avec de nombreuses astuces que la personne s’y tiendra. Mais le handicapé sait souvent bien mieux que les gens « normaux » qu'il est quelquefois nécessaire d'accepter le plongeon.

Impressionné, respectueux, mais aussi humain, égal à ce compagnon d'infortune : comment m'y retrouver, moi, le « normal » ?

Une telle expérience ne peut se faire sans prendre conscience du handicap profond qui nous entoure - et que nous partageons - qui nous porte naturellement à aider à la réalisation de tous, ce qui est le premier voeu du bodhisattva.

Il nous faut, avant tout, prendre garde à ne pas entacher la démarche spirituelle par l’entretien d’un espoir de progression. Comme le handicapé ne peut qu’en convenir, il nous faut nous réaliser dans notre état actuel. Assumer l’irréversible c’est, tout en comprenant que nous sommes insuffisants, rester présents, disponibles, à ce qu’une nouvelle direction se présente.

Accepter que se déconstruise notre vécu et qu’il se reconstruise autrement.

Ou se trouve la guérison ?

C’est une histoire qui est spirituelle mais qui est aussi physiologique. Comme on l’a vu pour la bûche tout à l’heure, ce que je ressens, c’est qu’il se produit de l’espace, un espace de liberté, où la respiration (la communication à la vie) peut s’épanouir

Elle ne peut se faire volontairement car on augmente alors les contraintes locales (et en général plus encore aux endroits les plus fragiles). Elle n’est plus du ressort de la volonté. C’est la foi qui élève, qui donne de la dimension de façon irrationnelle, et à laquelle nous pouvons nous rendre disponibles. Une foi qui n’a pas besoin d’objet et qui a des rapports avec cette folie de vivre déjà évoquée.

Dans cet espace de liberté retrouvé, la cellule la plus fragile, la plus faible, va pouvoir à nouveau revivre. C’est à elle que nous laissons la décision de démarrer l’inspiration qui entraînera le corps tout entier (alors que les obligations quotidiennes l’ont étouffée chroniquement). C’est respecter le côté le plus handicapé en nous-même : je pense que zazen est une disponibilité à écouter le corps entier et à s’occuper du plus faible en soi et lui redonner sa véritable dimension.

Dans cette perspective, il y a lieu de se tenir au mieux de soi-même (au seuil de soi-même), acceptant de constater nos limites et faisant de la place à l’influence du monde. C’est à partir de cette reconnaissance commune entre handicapés que nous pouvons nous prêter assistance, les uns témoignant dans un dénuement obligé de leur irrésistible aspiration à vivre, les autres prêtant, même à leur insu, l’espace nécessaire pour que chacun se réalise.

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